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24/08/2008

Comment analyser sa terre ?

 

Grande discussion hier avec Serge et Gaspard. Serge avait apporté sa terre pour faire des essais. Il pense qu'il y a environ 5% d'argile. Cela me semble étrange (mais bon tout est possible) car il habite à Messimy et la plupart des maisons anciennes sont en pisé.

Nous faisons donc le test du bocal rempli à moitié de terre et à moitié d'eau. On le secoue à la mode d'Orangina et on laisse reposer un bon moment. Déjà au bout de 45 minutes on commence à distinguer les différentes couches qui la constitue. La difficulté réside dans l'analyse de ces couches (je serai super preneur d'un cours, même à distance, ou d'un lien internet intéressant à ce sujet).

  1. Le sable étant le plus lourd tombe au fond. Là-dessus, nous étions d'accord tous les deux.
  2. Une couche homogène de couleur marron foncée se distingue ensuite. Je pense qu'il s'agit d'argile et Serge pense qu'il s'agit de limon, si je regarde la définition sur wikipédia, je trouve : " En géologie et en pédologie, un limon est une formation sédimentaire dont la taille des grains est intermédiaire entre les argiles et les sables (entre environ 2 et 50 micromètres, les limites précises peuvent varier quelque peu suivant les laboratoires). Un dépôt majoritairement limoneux peut être qualifié de limon. Le limon est fréquent dans des dépôts alluviaux et caractérise les dépôts éoliens de loess"

    Cela ne me dit pas si le limon peut être considéré comme un argile et donc en maçonnerie comme un liant. Car si tel est le cas, sa terre serait argileuse à 60% environ.

    Je viens de trouver un lien très intéressant à ce sujet mais qui me confirme que l'anaylse d'un échantillon dans un bocal est très complexe. L'autreur considère, à mon avis, à juste titre  que cet échange gagnerait à être conservé dans les archives. Voici le lien. Et voici quelques extrait  dont l'auteur, qui a l'air d'en connaître un rayon est
    Michel WIENIN alias Vetus Reptator :

    .... 1) La principale différence entre argiles et limons est la taille des particules.
    Arbitrairement, on « coupe » =  2µm (2 / 1000 de mm) :
    plus fin, c'est de l'argile, plus grossier du limon.
    Evidemment, dans la pratique la granulométrie d'un dépôt est une jolie courbe de genre Gauss et
    la distinction pas évidente. En fait, elle est plus pratique que réellement signifiante.

    2) Théoriquement, les particules de limon s'accumulent
    relativement rapidement au fond de l'eau tandis que l'argile reste en
    suspension plus longtemps et surtout un mélange argile + eau relativement
    stable et que tout spéléo connaît bien !

    3) Chimiquement, un limon est une sorte de micro-sable formé de
    particules arrachées aux roches parcourues par le cours d'eau en amont et
    plus ou moins altérées mais pas entièrement : il varie donc en fonction de
    ces roches. Inutile de chercher une réaction chimique spécifique.

    4) Une argile provient de minéraux siliceux (micas, feldspaths)
    plus altérés mais la limite est rarement franche ! Bien sûr, il y en a aussi
    plusieurs espèces en fonction des minéraux d'origine et des conditions
    d'altération : illite, kaolinite, smectite (montmorillonite, beidellite...)
    Inutile là aussi de chercher une réaction chimique spécifique...

    ....La différence de base entre limons et argiles est que les premiers décantent
    relativement vite dans de l'eau calme (la gravité l'emporte largement sur la
    viscosité de l'eau et les réactions de surface) ; ce sont par excellence les
    dépôts de crue (débordement de cours d'eau boueux) mais on connaît également
    des limons d'origine éolienne (loess).

    Au contraire, les argiles forment des
    suspensions dont la décantation se mesure en minutes, heures et parfois
    davantage selon nature et finesse.

    Il y a naturellement toujours un peu de matière organique dans un limon, en
    provenance des sols lessivés par le ruissellement mais c'est un composant
    marginal.

    Dans un vrai sol (le limon est une roche), la composante organique,
    d'origine végétale, est l'humus (carbone cellulosique et dérivés des acides
    humique et fulvique).

    Le mot "limon" est clair et désigne une roche sédimentaire meuble.
    Par contre "argile" ne l'est pas car on emploie le mot aussi bien pour des minéraux
    précis (définition minéralogique : un ensemble d'aluminosilicates hydratés à
    structure feuilletée = minéraux argileux) et pour des roches formées
    majoritairement desdits minéraux (définition pétrographique : roches
    argileuses).

    Une autre différence est le niveau d'altération des minéraux originels
    (feldspaths et micas en particulier) :
    faible ou du moins très incomplet dans le cas des limons,
    beaucoup plus avancé chez les argiles...

    Pour info, voici la classification granulométrique classique française de A. Cailleux (début du 20e siècle) :
    > 200 mm blocs
    20 à 200 mm galets ou cailloux
    2 à 20 mm gravillons
    0,2 à 2 mm sables
    20 à 200 µm sablons
    2 à 20 µm limons
    < 2 µm pré-colloïdes (argiles)

    Les Anglo-saxons coupent souvent différemment :
    1/16 mm à 2 mm sands (sables) (62,5 µm à 2 mm)
    1/256 à 1/16 mm silts (limons)   (3,9 à 62,5 µm)
    < 1/256 mm clays (argiles).


  3. Une couche marron clair se dépose au fur et à mesure. Au bout d'un long moment, il s'agirait donc des particules d'argiles en suspension qui se déposent lentement

    Quelle conclusion peut on tirer de toutes ces infos ?
  • La différence de granulométrie entre le limon et l'argile est donc très failble et donc très difficile à analyser à l'oeil nu.
  • D'un point de vue maçonnerie, j'aimerais savoir comment pourrait-être considéré le llimon. Liant comme l'argile ? Liant à 50 %, à X % ?
  • Je préfère largement le test en grandeur nature :
    • 1. Je dépoussière mon mur en terre ou en brique.
    • 2. Je mouille abondamment le mur pour qu'il n'absorbe pas l'humidité et l'eau de mon enduit.
    • 3. J'applique mes essais en 2 catégories :
      • Catégorie 1 : tests sans fibre :
        • 2 volumes de terre/1 sable
        • 1 volume de terre/1 sable
        • 1 volume de terre/2 sable
        • Si je pense avoir une terre très argileuse : 1 volume de terre/ X sable (Christian a appliqué un enduit au kaolin, 100% argile : 1 volume de kaolin/7 volumes de terre)
      • Catégorie 2 : tests avec fibres, la fibre va "armer" l'enduit et empêcher ce dernier de fissurer. La paille étant un agrégat, il suffit de refaire les tests ci-dessus en remplaçant un volume de sable par un volume de paille ou de chanvre (personnellement le seul intérêt que je vois au chanvre par rapport à la paille est qu'il est déjà broyé finement par contre l'intérêt de la paille est son coût, environ 10 fois moins cher. Par contre, il est beaucoup plus confortable voire nécessaire de la broyer :
        • 2 volumes de terre/1 paille
        • 1 volume de terre/1 paille
        • 1 volume de terre/1 paille/1 sable
        • ...

Je conseille d'appliquer des "beaux" échantillons d'environ 40 x 40 cm sur environ 2 cm d'épaisseur (corps d'enduit classique). Le plus dur est d'attendre 2 ou 3 jours puis de constater :

  1. Si l'enduit fissure -> il est trop riche en argile
  2. Si l'enduit farine -> il est trop sabloneux. S'il farine un peu ça va mais si on enlève des grains à chaque fois que l'on passe le doigt : problème -> trop riche en sable.

Il ne reste qu'à attendre quelques jours pour observer les enduits de Serge. J'essayerai de faire des photos des enduits et de la terre dans le bocal...

@ suivre...

09:42 Publié dans la terre | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

coucou !!!

Arf !!! MDR !!! J'adore !!! La prise de tête absolue !!
Non mais je rigole, tu as raison thierry, il faut se la prendre un minimum !! :))

On va dire que le limon fait partie du sable, non ?? !!! C'est ce qu'on nomme aussi le silt...

L'argile fait une délimitation bien claire et nette. Même si tu as raison sur le fond, ce qui d'ailleurs me fait beaucoup tiquer... et que le test du pot n'est pas fiable à 100%... mais il faut pas non plus pousser...

Faire des tests en vrai me semble essentiel, et là, je te rejoins...
Ce que je sais c'est que les anciens faisaient aussi des corps d'enduits qui fissuraient un max... D'ailleurs, je recommande une virée sur le site de Tom Rijven. Il y a une photo d'un corps d'enduit en terre complètement fissuré qui selon lui, va être arrangé avant finition... www.habitatvegetal.com/enduit-terre

Parfois, ils laissaient tels quels et parfois ils comblaient ensuite et finissaient avec un enduit de finition vite fait... juste chaulé....
Mais eux, c'est sûr, ne se posaient pas la question des ponts thermiques...

Écrit par : monique | 24/08/2008

J'attendais une super réponse de Ste Monique ;-)))

Je ne sais toujours pas quoi penser du limon. Je laisse donc cela en stand by.

Que l'enduit de corps fissure ne me pose pas vraiment de problème. La question est comment analyser avec un maximum de pertinence les différentes couches d'un pot de confiture rempli à moitié de terre et d'eau (sans sucre ;-).

Concernant les anciens et les ponts thermiques, je partage tout à fait leur point de vue. Honnêtement, je me fous un peu des ponts thermiques. Dans une maison, il y a environ 5% de la chaleur qui part dans les ponts thermiques. Je ne vais pas me battre pour si peu. Par contre 30% en toiture, 25% pour les murs... le combat m'intéresse plus ;-)

Écrit par : Thierry Baruch | 24/08/2008

Les commentaires sont fermés.